Dans le métro, quand un bogue crée une contradiction entre la voix de l’annonceuse robot et la station où le wagon arrive, par exemple si on entend « Jarry » et que les écriteaux se lisent « Henri-Bourassa », il m’arrive de douter de ce que je vois plutôt que de ce que j’entends, c’est-à-dire que je crois tout à coup que c’est la voix qui a raison.
Puis je me demande ce qui se passerait, si je débarquais dans cette station, et la peur me prend que ce ne soit pas le métro qui soit bogué mais la réalité elle-même, j’appréhende de descendre dans une station qui soit en même temps Henri-Bourassa et Jarry, ou qui soit un étrange mélange des deux, le quartier devenu un hybride bizarre de Ahuntsic et de Villeray, dans un univers où le signe « Henri-Bourassa » se lit désormais « Jarry », où je ne comprend plus mes souvenirs, où je ne retrouve plus mon appartement dans des rues brouillées, cryptées, méconnaissables.
Puis je me dis que j’ai trop lu Haruki Murakami et Philip K Dick et que je bois trop de café.